Comment diagnostiquer une infection urinaire

Diagnostiquer une cystite

Le diagnostique clinique d’une cystite est relativement aisée compte tenu de la symptomatologie spécifique:

  • brûlures et douleurs à la miction;
  • Pollakiurie
  • mictions impérieuse

En présence de ces 3 symptômes il convient tout de même de vérifier qu’il n’y a pas de facteurs de complication notamment de la fièvre ou des douleurs lombaires qui pourraient faire penser à une pyélonéphrite.

Chez une femme adulte, la présence des brûlures et douleurs à la miction additionnées à une pollakiurie mais sans prurit ou perte vaginale confirment une cystite à 90%.

Le diagnostique bactériologique

L’ECBU ou examen cytobactériologique

Cet examen est simple à réaliser et donne des résultats fiables pour peu qu’une certaine rigueur soit respectée à chacune des étapes. Son objectif est de recueillir l’urine vésicale normalement stérile en évitant sa contamination lors de la miction par la flore vaginale qui colonise l’urètre et la région périnéale.

L’examen consiste en la recherche des leucocytes et des bactéries dans les urines puis de mettre en culture quantitative cette urine et d’établir l’antibiogramme afin de connaitre la sensibilité aux antibiotiques de la bactérie responsable.

Précautions à prendre

  • Les conditions d’asepsie doivent être rigoureuse pour le prélèvement de l’urine. Celui-ci, en cabinet ou à la maison, nécessite au préalable une toilette soigneuse de la région périnéale à l’eau et au savon ou avec une solution antiseptique du type Dakin puis un rinçage large au sérum physiologique ou l’eau claire.
  • Il conviendra d’éviter de prélever le premier jet d’urine (10cl à 20cl) pour que l’urètre soit lavée de sa flore commensale. L’urine doit être collectée et entreposée dans un tube stérile dédié.
  • Le recueil de l’urine se fait au mieux le matin, si possible au moins 4 heures après une miction de manière à permettre un temps de stase vésical suffisant. En cas de prise d’antibiotique(s), veillez à faire le prélèvement préalablement.
  • A noter que l’échantillon peut rester au minimum 30 minutes à température ambiante et 4 heures au réfrigérateur à +4°c tout en évitant la multiplication des germes.

L’ECBU est prescrit dans toutes les situations où une infection urinaire est suspectée à l’exception des cystites aigües d’évolution favorable où la bandelette urinaire peut suffire.

Repères technique d’un ECBU

L’étude des urines comporte une numération des leucocytes (leucocyturie) et des bactéries (bactériurie).

La présence de leucocyte dans les urines témoigne d’une inflammation suite à une infection mais non spécifique. En ce sens, une leucocyturie peut également être présente dans les cas de vulvo-vaginite, néphropathies, tuberculose. Une mesure supérieure à 10^4 par ml indique une pathologie. A l’inverse, l’absence de leucocyturie est le signe d’une absence de bactériurie dans 80% à 90% des cas.

Le dénombrement des bactéries se réalise par une culture quantitative: un certain volume d’urine est ensemencé et après incubation à 37°c pendant 24h ou 48h, on compte le nombre de microorganismes formant colonies.

L’interprétation des résultats d’un ECBU

Pour interpréter l’ECBU, on s’appuie sur la leucocyturie, la bactériurie et la ou les nature(s) des espèces bactéries présente(s).

L’urine est normalement stérile ou ne contient que de faible quantité de germes contaminant (bactériurie non significative à partir d’un colonisation inf à 10^3 UFC/ml).

En présence de leucocyturie, les seuils de bactériurie associés sont:

  • > à 10^3 UFC/ml pour les cystites aigües à E.coli et autre entérobactéries (notamment Proteus spp. et Klebsiella spp.) ou à S.saprophyticus
  • > à 10^5 UFC/ml pour les cystites et autre bactéries (notamment entérocoques)
  • > à 10^4 UFC/ml pour les pyélonéphrites et prostatites
Bactéries / mlLeucocyturie non significative (<10^4/ml)Leucocyturie significative (>10^4/ml)
Absence de bactériePas d’infection urinaireTraitement antibiotique en cours
Infection génitale
Tuberculose urinaire
Prélèvement défectueux
10^2<x<10^4 + monomicrobienContamination ou
infection débutante
Inf. traitée par antibiotiques ou par diurèse abondante
Infection urinaire débutant
Prostatite, urétrite
Infection sonde
>10^5 + monomicrobienPrélèvement défecteux
Infection urinaire débutante
Infection sur le terraine (femme enceinte, sujet âgé, sonde, immunodépression)
Infection urinaire
10^2<x<10^4+polymocrobienSouillure probablesouillure ou infection sur sonde
>10^5 + polymicrobienSouillure probable ou infection urinaireInfection urinaire probable si anomalies urologiques
Contamination possible

Les bandelettes urinaires

Les bandelettes urinaires permettent de dépister une infection urinaire en mettant en évidence la présence de leucocytes (par l’intermédiaire de la leucocyte estérase) et de bactéries au travers des nitrites. Les bandelettes permettent également de rechercher dans les urines le sang, le glucose, les protéines, les corps cétoniques et de mesurer le pH et la densité urinaire.

Avantages

La bandelette urinaire est indiquée dans les cystites aigües simples et peut être suffisante pour confirmer le diagnostic. Son mode d’utilisation reste simple. Le sujet peut réaliser son test à la maison (ou en cabinet) avec un résultat instantané avec une forte valeur prédictive négative. Lorsque les 2 tests (leucocytose estérase et nitrite) sont négatifs chez une patiente non sondée, la valeur prédictive négative est supérieure à 95% et permet d’éviter jusqu’à 55% des ECBU.

Inconvénients

Ce test peut être faussement négatif avec des germes qui ne produisent pas de nitrite réductase (Pseudomonas aeriginosa, les Entérocoques, le Gonocoque, Staphylococcus saprophyticus ou encore le germe Candida).

Par ailleurs, la bandelette urinaire n’est pas valable chez le patient sondé ou atteint d’une vessie neurologique (présence systématique de leucocyte).

En cas de mictions trop fréquentes ou de fortes diurèse, la concentration en germes risque d’être trop faible pour que le test réagisse.

Les bandelettes sont imprégnées d’un réactif chimique sensible à la chaleur, à l’humidité et à la lumière les rendant par là même fragiles. Il faut toujours conserver les bandelettes à une température inférieure à 30°c dans un endroit sec et hors du réfrigérateur. Elles doivent être conservées dans le flacon d’origine avec le dessicant.

Mode d’emploi des bandelettes urinaires

La bandelette doit être bien plongée dans l’urine en veillant à ce que les zones réactives soient bien entrées en contact avec l’urine et retirées immédiatement. Bien respecter le délai indiqué pour la lecture est primordial. On compare la couleur de la zone réactive avec la gamme colorimétrique figurant sur l’étiquette du flacon. Il est impératif de respecter les temps indiqués car chaque réaction à une cinétique propre. Les colorations apparaissant après 2 minutes n’ont aucune valeur au niveau du diagnostique.

L’imagerie et les infections urinaires

Dans les cas de cystites récidivantes, une imagerie peut être prescrite afin de déterminer les facteurs favorisants, de calcifications, d’emphysème, d’atteinte du haut appareil.

L’échographie vésicale se fait avec une vessie pleine ce qui permet une meilleure visibilité de la muqueuse et de mesurer le résidu vésical après miction.

L’urétrocystographie rétrograde et mictionnelle analyse l’urodynamique du bas appareil urinaire. Un produit de contraste est ainsi injecté via une sonde ce qui permet de déterminer d’éventuels reflux vésico-urétéral signes d’une récidive d’épisodes infectieux ou de cicatrices rénales.

L’échographie rénale permet d’étudier les contours et l’état du parenchyme rénal. Les voies excrétrices sont visées également. On recherche une possible lithiase, une dilatation des voies urinaires en amont d’un obstacle, une suppuration intra-rénale ou péri-néphrétique.

Diagnostique d’une pyélonéphrite

Les signes d’appel d’une infection de haut urinaire sont :

  • Une fièvre élevée (supérieure à 39°c) avec frissons,
  • Douleurs lombaires uni ou bilatérales spontanées ou provoquées
  • Signes digestifs
  • Signes mictionnels indirects

Diagnostique d’une vulvo-vaginite

Les symptômes urinaires et vaginaux (pertes vaginales, odeur, prurit, dyspareunie) se combinent.

Diagnostique de l’urétrite

Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible fréquente chez l’homme. La bactérie responsable est la Chlamydia trachomatis ou Neisseria gonorrhoeae.

L’urétrite à gonocoques se caractérise par des brûlures mictionnelles, des douleurs urétrales, une pollakiurie, une dysurie, des impériosités et un écoulement urétral purulent.

Chez les femmes, l’urétrite s’associe fréquemment à une cervicite (infection du col). Dans le cas d’une urétrite à Chlamydia, les signes urinaires sont souvent discrets avec un faible écoulement urétral. Cette infection se cantonne à l’urètre et n’atteint jamais la vessie.

A noter que l’ECBU est négatif car la Chlamydia trachomatis ne fait pas partie des germes recherchés.

Les facteurs favorisant les cystites

Facteurs de risque d’une cystite

Les facteurs qui nourrissent l’implantation des bactéries dans l’appareil urinaire sont:

  • Anatomie
  • Rapports sexuels
  • Immunosuppression
  • Anomalie des voies urinaires
  • Reflux,
  • calculs, tumeur…
  • Grossesse

La cystite prédomine chez les femmes chez qui existent des facteurs favorables indépendamment de la bactérie infectante et des moyens de défense de l’organisme.

Les facteurs propres à la femme

L’anatomie féminine présente en premier lieu un urètre très court (3cm à 4cm) situé à faible proximité des zones anales et vaginales responsables de germes pathogènes.

Les menstruations favorisent également la macération et en conséquence le risque de prolifération bactérienne.

Les modification hormonales à certaines périodes de la vie de la femme (grossesse, ménopause) provoque une fragilité avec une modification du pH urinaire. Ce pH est normalement acide et par là même limite le développement bactérien. Chez la femme, ce pH dépend pour partie de l’imprégnation œstrogénique. A la ménopause, l’atrophie des muqueuses vaginales et urétrale aboutit à leur sécheresse ce qui favorise l’implantation de bactéries. De même l’augmentation du pH par diminution du taux estrogènes augmente le risque de cystite.

Le résidu post mictionnel du à un trouble urodynamique ou d’origine neurologique ou encore un cystocèle. Ce dernier, plus fréquent chez la femme ménopausée, correspond à une déformation du pelvis due à une modification hormonale. Ce résidu post mictionnel est responsable de stase urinaire entre 2 mictions augmentant ainsi le risque d’adhésion de bactéries à la muqueuse vésicale.

L’âge avancé avec ses facteurs mécaniques et physiologiques tels que l’incontinence ou la présence d’un cystocèle

Les antécédents d’infection urinaire

Les facteurs génétiques notamment les antécédents maternels d’infection urinaire ou la survenue d’infection urinaire lors de l’enfance.

La vie sexuelles de la femme

Le rapport sexuel en lui-même est considéré comme un facteur de risque de cystite par les petits traumas au niveau des muqueuses provoqués par l’acte. Ceux-ci augmentent le risque d’infection. Par ailleurs, pendant l’acte sexuel, le méat urétral s’ouvre ce qui peut laisser passer les germes dans l’urètre.

Les brides hyménéales avec leurs mouvements, viennent au contact du méat urinaire et raccourcissent le trajet des bactéries pour coloniser l’urètre.

La contraception orale a peu d’action sur la survenue d’infection urinaire. En revanche, les dispositifs intravaginaux (diaphragmes) ou l’utilisation de spermicides augmentent le risque infectieux. Il semble que cela soit pas le cas de l’utilisation de stérilet.

Les infections génitales (mycoses, vaginites) favorisent les infection urinaires par des phénomènes inflammatoires qui favorisent l’adhésion bactérienne et les séquelle au niveau des muqueuses.

L’hygiène de vie

L’insuffisance ou l’excès d’hygiène favorisent tout deux l’infection. Une hygiène excessive provoque des lésions sur les muqueuses et au niveau cutané augmentant le risque de contamination périnéale: une toilette intime par jour est suffisant.

Le choix vestimentaire avec les vêtements moulant ou synthétiques nourrissent la macération ce qui accélère le processus de colonisation.

Le phénomène d’essuyage après chaque miction doit se faire de l’avant vers l’arrière afin d’éviter de ramener des germes fécaux proche du méat urinaire.

L’hygiène alimentaire doit éviter tout trouble du transit (diarrhée, constipation) au risque de modifier la flore fécale.

Les bains à remous et les jacuzzi par la température élevée de l’eau favorisent le milieu de culture et l’action émolliente au niveau cutané. Par ailleurs, les remous sont responsables de la dissémination des germes et activent la contamination.

Les facteurs généraux

La grossesse

L’infection urinaire chez la femme enceinte met en cause plusieurs facteurs.

La progestérone inhibe le péristaltisme des voies urinaires et diminue le tonus sphinctérien uro-vésical. Ce phénomène entraîne le reflux et la stagnation des urines. L’étirement des uretères favorise le reflux vésoci-urétéral et augmente le risque de migration ascendante des germes vers les reins.

Par ailleurs, il est observé une sécrétion plus importante par la femme enceinte de bicarbonates alcalinisant le pH urinaire.

Le diabète

Les urines de personnes diabétiques sont riches en glucose qui constitue le principal nutriment des bactéries. Les urines du diabétique sont donc un excellent milieu de culture.

Par ailleurs le système immunitaire du diabétique est déprimé ce qui restreint sa capacité de lutte face à une infection notamment urinaire.

La neuropathie diabétique se traduit au niveau urinaire par un dysfonctionnement de la vidange vésicale conduisant à l’apparition d’un résidu post-mictionnel favorisant la survenue d’une infection. Le risque de pyélonéphrite est augmenté notablement par ce phénomène.

Les traitements médicamenteux et notamment la consommation d’antibiotiques qui décapent et déséquilibre la flore intestinale et vaginale. Il en va de même avec les anticholinergiques, les antidépresseurs, es somnifères et les psychotropes qui diminuent la perception du besoin urinaire et favorisent l’infection.

L’immunodépression

Les maladies neurologiques en ce sens qu’elles peuvent toucher l’innervation de l’appareil urinaire et augmenter ainsi le risque infectieux (vessie neurologique, perte d’autonomie vésicale et sphinctérienne).

La sonde urinaire, comme tout corps étranger, favorise l’adhésion bactérienne le long de la sonde.

L’insuffisance rénale et la réduction de la filtration rénale diminue la diurèse et augmente le risque de cystite ou d’infection urinaire.

Les voies de pénétration & prolifération

Comment une cystite apparait?

La voie ascendante

C’est LE mécanisme habituel de l’infection urinaire des femmes et correspond à 90% des infections des voies urinaires. La voie ascendant correspond en une succession d’étapes:

Étape 1 – La colonisation pré-urétrale puis urétrale est la première étape. Celle-ci est obligatoire et constitue l’élément initiateur de l’infection urinaire. Pour des raisons qui restent encore mal connues, la flore normale du périnée (germes saprophytes) est remplacée par des germes pathogène d’origine fécale.

Chez les femmes, la petite dimension de l’urètre et sa proximité avec l’anus et les lèvres du vagin représente un environnement propice à cette infection.

Étape 2- L’invasion vésicale puis la prolifération des germes dans l’urine vésicale. En ce qui concerne l’E.coli, seules 20 minutes sont suffisantes pour voire la colonies doubler.

Étape 3 – La réponse inflammatoire de la vessie se traduit par un afflux de polynucléaires neutrophiles

Étape 4- L’invasion du haut appareil

Étape 5 – L’atteinte inflammatoire aigüe voire chronique du parenchyme rénal.

À chaque étape, un nombre décroissant de germes se développent. Tout facteur anatomique qui favorise la première étape renforce par conséquence le risque de passage aux étapes les plus sévères

La voie sanguine

Par cette voie, les bactéries les bactéries vont diffuser à partir d’un foyer infectieux et parviennent à la vessie ou au rein lors d’une bactériémie ou septicémie. Cette voie représente environ 10% des cas et se produit lors de lésions au niveau du parenchyme rénal ou de la paroi vésicale.

La voie lymphatique

Les germes intestinaux traverseraient les anastomose entre colon et rein droit et se rependraient ainsi dans l’urine et la vessie.

Comment le corps se défend t’il?

La place des défenses de l’appareil urinaire a été démontrée récemment sans pour autant être aussi performant et vigoureux que ceux du système digestif ou respiratoire. Toutefois, les agressions sont également moins fréquentes et intenses.

La longueur de l’urètre: les bactéries doivent remonter le long des parois de l’urètre avant d’atteindre la vessie. Pour les femmes, l’urètre est plus court et la contamination de la vessie s’en retrouve facilitée.

Le flux d’urine aux niveaux des uretères est permanent, unidirectionnel et sans turbulence. Ce phénomène physique empêche donc toute adhésion bactérienne.

La fréquence des mictions permet une élimination régulière des bactéries. Chaque miction permet l’élimination des éventuelles bactéries présentes dans la vessie mais aussi celles qui pourraient remonter le long de l’urètre. Cela illustre l’intérêt d’avoir des mictions franches avec un débit suffisant et régulièrement espacées (minimum de 5 mictions par jour).

L’urine dont l’osmolarité est faible et son pH acide en l’absence de protéine et d’acide aminée constitue un milieu défavorable à la prolifération bactérienne. L’urée, les acides organiques et certains sels présents dans l’urine ont des propriétés inhibitrices sur la croissance bactérienne (pour éviter les verrues, uriner sous votre douche!!).

Les métabolites élaborés par l’appareil urinaire (protéine de Tamm-Hostfall, IgA sécrétoires, oligosaccharides) sont soit libérés dans l’urine, soit fixés dans les muqueuses évitant ou diminuant les risque infectieux.

La réponse inflammatoire secondaire à l’infection provoque un afflux de cellules phagocytaires et de polynucléaires neutrophiles. Elle circonscrit le développement de l’infection, permet la production plus importante de mucus avec des oligosaccharides porteurs de résidus mannoses. On observe une production localisée de cytokines, médiateurs de l’inflammation qui se retrouvent ensuite dans l’urine.

Physiopathologie d’une cystite

Les germes responsables d’une cystite

Classification des germes uropathogènes

La colonisation des bactéries dans la vessie se fait par l’intermédiaire de germes pathogènes spécifiques. Ces derniers sont nombreux, de types moléculaires variables et donnent aux bactéries le pouvoir de se fixer à l’épithélium de la vessie.

Ces gènes sont classés en fonction de leur niveau de pathogénicité, en 4 groupes permettant ainsi une meilleure interprétation des urocultures.

Groupe 1 – Bactéries uropathogènes reconnues et considérées comme pathogènes même en cas de bactériurie faible (> 10^3 UFC/ml)

  • Escherichia coli
  • Staphylococcus saprophyticus (surtout chez la femme de moins de 30 ans.)

Groupe 2 – bactéries souvent impliquées notamment dans les maladies nosocomiales

  • Entérobactéries autres que E. coli (Klebsiella spp, Proteus spp., Enterobacter…)
  • Enterococcus spp.
  • Corynebacterium urealyticum
  • Pseudomonas aeruginosa

Groupe 3 – bactéries dont l’implication est peu probable en pathologie et exige un niveau de bactériurieélevé (>10^5 UFC/ml), ainsi qu’une répétition de leur isolement sur au moins deux échantillons d’urine.

  • Staphylocoques à coagulase négative autres que S. saprophyticus
  • Streptococcus agalactiae
  • Aerococcus urinae
  • Pseudomonaceae autres que P. aeruginosa
  • Acinetobacter spp.
  • Stenotrophomonas maltophilia

Groupe 4 – espèces appartenant aux flores urétrales et génitales (streptocoques a-hémolytiques, Gardnerella vaginalis, Lactobacillus spp. bacilles corynéformes

Les germes les plus fréquents sont les entérobactéries avec une prédominances pour E.coli (75% à 90% des cas) quel que soit le sexe et l’âge, toutes formes cliniques confondues. Cette colibacille est une bactérie de Gram négatif, mesurant 2 à 3 micron de long et sur 0,6 micron de large. Elle est l’hôte normal de l’intestin de l’homme et des animaux. c’est une espèce aérobie la plus représentée du tube digestif.

Les autres bactéries telles que Proteus ou Klebsiella sont présentes dans 15% à 25% des cas.

Le Staphylococcus saprophyticus concerne 1% à 4 % des infections urinaires, notamment celles touchant les femmes jeunes.

Le pouvoir pathogène des bactéries

Le pouvoir pathogène des bactéries répond à 2 mécanismes:

  • la virulence propre des bactéries liée à leur pouvoir de multiplication
  • La capacité de contamination de l’appareil urinaire et de dissémination de l’infection dépendant de facteurs d’uropathogénicité.

Les facteurs d’uropathogénicité sont nombreux et donnent le pouvoir à la bactérie de se fixer sur l’épithélium vésical. Cette adhésion peut être prolongée au niveau de l’appareil urinaire. Cela se traduit par la persistance de cultures positives à des concentrations non pathogènes de souches telles que E. coli après traitement d’une cystite.

Les adhésines

La colonisation bactérienne de la vessie est favorisée par l’attachement spécifique entre une adhésine bactérienne et le récepteur urinaire qui sont des éléments du mucus urinaire. Les adhésines peuvent être de type P-fimbriae (mannose résistant) ou Pili de type 1 (mannose sensible).

La spécificité de ce couple adhésine/récepteur explique le pouvoir pathogène entre une bactérie et un organe (dans notre cas il s’agit. d’E.coli et de la muqueuse vésicale). Ces adhésines sont portées de minces filaments présents à la surface de la bactérie.

Le lipopolysaccharide

Il s’agit d’un composant majeur de la surface de toutes les espèces bactériennes à Gram négatif. C’est un constituant hydrophobe de la paroi bactérienne composé de 3 entités: lipide A, le noyau et l’antigène O. Il possède une rôle pathogène majeur.

Chez les entérobactéries, le lipide A et le noyau sont peu variables tandis que l’antigène O est hypervariable et détermine la spécificité de la souche bactérienne. Le lipide A possède l’activité endotoxinique et induit la réponse immunitaire non spécifique. L’antigène O stéréotype les bactéries à Gram négatif.

Il influence aussi la réaction entre l’hôte et la bactérie selon différents niveaux (action du complémnet, phagocytose..).

L’antigène capsulaire

C’est un polysaccharide extracellulaire excrété par la bactérie. Cet antigène “K” est responsable de la virulence de la bactérie et la protège de la phagocytose et des réactions inflammatoires.

L’hémolysine

C’est une protéine responsable de la destruction des hématies. Elle est sous le contrôle des souches uropathogènes. Par exemple, l’hémolysine alpha d’E.coli a une action toxique et destructrice au niveau des cellules tubulaires rénales et inhibe l’action des cellules phagocytaires. Sa présence est rare (moins de 50% des cas de pyélonéphrites).

L’aérobactine

C’est une protéine bactérienne favorisant le métabolisme oxydatif du fer, ce qui améliore le métabolisme aérobie de la bactérie et augmente sa virulence.

L’appareil urinaire féminin

L’appareil urinaire féminin comprend les reins qui produit l’urine et les voies excrétrices qui l’achemine vers l’extérieur. Ces dernières comprennent les deux uretères qui partant de chaque rein s’abouchent à la vessie et l’urètre reliant la vessie au méat urinaire.

Les reins

Les reins sont des organes en forme de haricot mesurant environ 12 cm de long et 6 cm de large avec une épaisseur de 3 cm. Ils pèsent en moyenne de l’ordre de 150gr chez un adulte. Ils sont bien protégés sous le diaphragme et situés dans une zone comprise entre la 11ème vertèbre dorsale et la 3ème vertèbre cervicale. La présence du foie à droite place le rein gauche au-dessus du rein droit.

Le rein est un organe vital au maintien l’homéostasie. Il présente cinq fonctions:

  • Épuration des déchets, toxines et excès ionique par une filtration continuelle du sang et une sécrétion de l’urine
  • Réabsorption des nutriments (glucoses, acides aminés) et électrolyte
  • Régulation du volume et de la composition du sang, du pH et de l’équilibre acido-basique
  • Régulation de la pression artérielle en sécrétant la rénine qui intervient dans le système S.R.A.A
  • Fonction endocrine en produisant des hormones et notamment la rénine et l’érythropoïétine (EPO: stimule la production de globules rouges)
  • La transformation de la vitamine D en calcitriol (forme active) permettant l’absorption du calcium alimentaire au niveau de l’intestin grêle.

Les Uretères

Ils constituent les conduits musculo-membraneux étroits d’environ 25-30 cm de long et environ 4 à 7 mm de diamètre. Ils permettent le passage de l’urine depuis les calices des reins vers la vessie. Leur implantation en oblique au niveau de la vessie avec un ancrage aux plans musculaires du trigone permet au dispositif d’empêcher l’urine de remonter.

La vessie

Cet organe musculaire présente la fonction de stockage de l’urine entre 2 mictions. Sa forme varie en fonction du volume d’urine retenu: en forme de pyramide inversée à vide et se gonfle en forme de poire lors de l’arrivée de l’urine depuis les reins.

La vessie offre une double paroi musculaire d’épaisseur variant entre 4 et 6mm et peut contenir jusqu’à 800 millilitres sous le contrôle de la volonté. La production continue d’urine par les reins rend indispensable la capacité d’évacuation intermittente de la vessie.

Une vessie saine est très souple et peut se remplir sans que la personne ne sente de changement de pression. Un adulte avec une vessie saine urine 5 à 7 fois par jour environ et un volume compris entre 300ml et 400ml à chaque miction.

L’urètre

Ce conduit unique part du col vésical et permet à l’urine d’être excrétée de l’organisme. Il se termine par le méat urinaire. L’urètre féminin est très court, de l’ordre de 3cm à 4cm contre environ 20cm chez l’homme, ce qui explique le risque accru d’infection urinaire chez la femme.

L’urètre comporte un sphincter lisse qui n’est pas sous le contrôle volontaire. Quand la vessie est relâchée, la disposition anatomique du sphincter est telle que la sortie de la vessie est fermée.

Plus en aval, le sphincter externe de l’urètre est constitué de 2 parties renfermant chacune des fibres différentes. Ces muscles squelettiques constituent le sphincter externe et le plancher pelvien et sont soumis au contrôle volontaire.

Lorsque la vessie est relâchée, ces deux sphincters sont fermés est empêchent l’urine de passer.


L’urine et le phénomène de miction

L’urine est le résultat de la filtration du sang par les reins. Elle est d’abord formée par filtration du plasma à travers la paroi capillaire glomérulaire, perméable à l’eau et aux petites molécules (électrolytes, urée) mais qui retient les grosses molécules et les protéines plasmatiques. Cela conduit à l’urine primitive très diluée ou ultra filtart.

Ensuite, l’urine subit des modifications tout au long des tubes urinaires par des mécanismes de réabsorption (eau, glucose, acides aminés, électrolytes) et de sécrétion (ammoniaque, acides organiques) où elle se concentre jusqu’à former l’urine définitive. La production d’urine est d’environ 1,5 litres par 24H.

Caractéristiques de l’urine

  • Couleur: liquide jaune clair à jaune foncé, la couleur jaune étant dûe à l’urochrome, pigment résultant de la transformation de la bilirubine. L’intensité de la couleur est proportionnelle à la concentration de l’urine.
  • pH: le pH physiologique de l’urine est d’environ 6 mais il peut varier entre ‘,5 et 8 en fonction du métabolisme et du régime alimentaire.
  • Composition chimique: l’urine est composée à 95% d’eau et 5% de solutés: l’urée (issue du catabolisme des protéines), les électrolytes (sodium, potassium, bicarbonates, sulfates), la créatinine (métabolite de la créatinine phosphate), l’acide urique (produit final du métabolisme des acides nucléiques), l’ammoniaque et des toxines exogènes.

L’urine ne contient normalement pas de protéines, ni de glucides ou de lipides; la présence de ces substances peut traduire un état pathologique.

Physiologie de la miction

La miction est un réflexe sous le contrôle partiel de la volonté. Un cycle mictionnel normal comporte 2 phases:

  • la continence ou phase de remplissage qui dure plusieurs heures
  • la miction ou phase de vidange qui dure quelques dizaines de secondes

Pendant la continence, la vessie peut recevoir une grande quantité d’urine sans augmentation importante de la pression vésicale: la vessie adulte normale accumule entre 300ml et 700ml d’urine avec une légère pression. Durant cette phase, l’activité contractile de la vessie est au repos mais l’activité sphinctérienne s’accroit au fur et à mesure du remplissage et la pression intra-vésicale augmente progressivement.

La miction résulte de la coordination entre la contraction du muscle vésical et le relâchement de l’urètre. Lorsque la vessie est pleine, l’activité sphinctérienne diminue tandis que la pression intra-vésicale augmente.

Le phénomène de miction

la miction normale doit être

  • Diurne et peu fréquente: 5 à 7 mictions journalières et pas de miction nocturne
  • Volontaire: elle peut être déclenchée et retenue à volonté. Le besoin d’uriner peut être inhibé, assurant le sommeil la nuit et la vie sociale le jour.
  • Indolore
  • Complète: la vessie doit être vide après chaque miction
  • Rapide: moins de 30 secondes